Soigner au Sénégal – Témoignage d'une canadienne

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 En novembre dernier, dans le cadre de mon stage final en soins infirmiers, j'ai eu le privilège de soigner pour presque un mois entier au Sénégal. Ce n'est pas une opportunité qui s'offre à nous tous les jours, c'est donc avec plaisir et le cœur remplit de gratitude que je vous partage mon expérience.

Soigner au Sénégal – Témoignage d'une canadienne

Article écrit par Léa Poliquin

En novembre dernier, dans le cadre de mon stage final en soins infirmiers, j'ai eu le privilège de soigner pour presque un mois entier au Sénégal. Ce n'est pas une opportunité qui s'offre à nous tous les jours, c'est donc avec plaisir et le cœur remplit de gratitude que je vous partage mon expérience. Plusieurs aspects sont toutefois à prendre en compte, tels que le choc culturel, les dilemmes éthiques possibles ainsi que l'adaptation à une réalité et une routine complètement différentes. 

Dès que j'ai mis les pieds en terre africaine, c'est la chaleur qui m'a frappée le plus. De passer du vent froid de l'hiver à la brise d'été de manière si drastique, ça choque ! J'ai par la suite appris du personnel soignant des dispensaires que c'est la saison des bronchites ici (après tout, c'est l'hiver pour eux aussi !), ce qui m'a rendue plutôt perplexe, considérant que nos journées pouvaient atteindre les 40 oC… Ce fut un des moments où j'ai compris l'ampleur de l'apprentissage et de l'adaptation qui m'attendait pour les prochaines semaines.

L'accueil fut des plus chaleureux, malgré mon inconfort d'être une étrangère évidente. Ma collègue et moi étions affectées à Baback, un petit village non loin de la ville de Thiès réputé pour son dispensaire et sa maternité, où nous y avons rencontré sœur Marion, une infirmière d'une grande expertise qui nous a suivis durant tout notre apprentissage. J'ai été touchée par les échanges que j'ai eus avec le personnel. Olivier, un infirmier hors pair en soins de plaies et en pansements, m'a vite fait comprendre la valeur du matériel et le gaspillage énorme que je pouvais faire pendant un simple quart de travail en centre hospitalier au Canada. Alors que nous coupions et plions des morceaux de compresses tissées nous-mêmes, j'ai réalisé que chaque ressource, chaque soin est bien calculé pour que chaque patient ait ce qu'il faut durant la journée, malgré les balises en termes de ressources, de stérilité et de temps. La médecine traditionnelle est d'ailleurs privilégiée, en combinaison aux autres traitements médicamenteux qui sont, avec les enseignements connexes, plutôt bien acceptés par les patients. Il faut toutefois insister sur leur présence aux rendez-vous de suivi et la participation active dans leur traitement, car souvent, les patients ne reviennent pas systématiquement.

Le matin, les malades font la file devant le dispensaire. Ils attendent patiemment que l'infirmière des consultations ausculte, prescrive et diagnostique leur problème. Mon jugement clinique fut mis à l'épreuve d'une manière totalement différente que celle à Montréal.

À première vue, les journées semblent se ressembler, la routine se répète, chaque personne a une tâche bien assignée, que ce soit dans la salle de prise des constantes, les pansements, les injections ou encore les consultations. Mais quand arrive une urgence ou un accouchement au beau milieu de la nuit, l'adrénaline embarque. La patiente qui vient mettre son bébé au monde chez nous te fait entièrement confiance. Tout va très vite. Les patientes en travail arrivent presque déjà prêtes à pousser. Il faut faire preuve d'efficacité, d'empathie et de minutiosité.

Une fois revenue à Montréal, le retour au travail fut un autre choc en lui-même. Étant une employée au Centre des naissances, j'ai pris un moment pour apprécier les ressources que nous avons. L'incertitude de ne pas savoir si une patiente aura tous les soins et le matériel nécessaires à sa disposition est quasi non-existante ici.

Ce voyage influencera ma pratique en tant qu'infirmière et en tant qu'humaine à tout jamais. Comme l'a si bien dit l'une de nos collègues à notre retour : « Faire un bon soin ne se limite pas à l'équipement, mais au dévouement qu'on a pour le bien-être du patient ». Tous les jours, je pense au personnel du dispensaire de Baback. J'admire profondément leur dévouement, leur bienveillance ainsi que leur désir d'offrir au patient les soins qu'ils méritent. Je crois sincèrement que c'est ce qui nous a unis le plus au bout du compte, peu importe d'où nous venions.

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